Rien ne justifie la chasse
Tribune de Pier Giovanni Capellino
La campagne « Rien ne justifie la chasse », que notre Fondation soutient avec conviction, me touche profondément — à la fois dans mes principes et dans ma philosophie de vie.
Mes convictions personnelles sur la chasse sont très tranchées : je m’y oppose fermement, au point de penser qu’elle devrait être abolie.
En tant que président de la Fondazione Capellino, cependant, je dois adopter une position plus modérée.
La mission de la Fondation est de protéger la biodiversité et de promouvoir la Reintegration Economy, un modèle économique centré sur le travail des personnes. Il ne s’agit pas de provoquer une révolution, mais de s’appuyer sur ce qui existe pour le faire évoluer progressivement vers un changement durable.
À travers notre travail et nos investissements, nous produisons une nourriture qui respecte nos clients — les chiens et les chats qui partagent nos foyers. Les bénéfices générés, une fois la continuité de l’entreprise assurée, ne servent pas à l’enrichissement personnel, mais sont consacrés à des projets de protection de la biodiversité.
Almo Nature est l’outil qui garantit l’indépendance économique de la Fondation. L’entreprise a été donnée à la Fondation en 2019 — un don irrévocable, pour toujours.
Personne n’est exempt de contradictions
Almo Nature est elle-même une contradiction : elle tue des animaux pour nourrir des chiens et des chats.
La société tout entière est une contradiction. Personne n’y échappe. Nous, les humains, devons apprendre l’humilité et accepter qu’il n’existe ni vérité absolue ni fausseté absolue.
J’ai fondé Almo Nature au début de ce siècle, avec d’autres associés. J’aurais pu la vendre. Mais, après presque cinq années de réflexion, propriétaires et salariés avons décidé qu’une entreprise n’est pas une marchandise à évaluer, vendre ou échanger. Lorsqu’elle est saine, elle doit continuer à exister pour remplir un rôle social, et non uniquement pour servir des intérêts privés.
En Europe du Nord, on appelle cela la propriété responsable (steward ownership).
Avec mon frère Lorenzo, nous avons donc choisi de ne pas vendre, mais de donner l’entreprise à la Fondation Capellino.
Cela lui permet d’évoluer, progressivement et indépendamment, vers un outil qui, tout en restant sur le marché, sert deux objectifs supérieurs : la Reintegration Economy et la protection de la biodiversité, les deux missions de la Fondation (précisons que nous avons payé l’impôt sur la donation et n’avons tiré aucun avantage fiscal.)
Les révolutions politiques ont échoué. Elles n’ont jamais tenu leurs promesses.
C’est pourquoi nous avons choisi l’évolution, sans craindre les contradictions qu’elle suppose.
À tous, je dis : si vous avez de meilleures idées ou des solutions concrètes, proposez-les.
La chasse et l’industrie de la viande sont deux choses différentes
Ne les confondons pas.
La chasse n’est pas une nécessité.
L’industrie de la viande, elle, doit être comprise dans son contexte économique et historique.
Bien que je sois presque végétarien, la cuisine italienne, avec sa culture et ses traditions culinaires, reste une fierté nationale qu’il ne faut pas renier. Mais, comme le montre le remarquable documentaire italien Food For Profit, il est urgent de repenser beaucoup de choses.
Pier Giovanni Capellino